Trois filles de leur mère de Pierre Louÿs

Préfacé par Aude Jullien

Couverture Pierre Louys Trois filles de leur mère présenté par Aude Jullien censuré par direct publishing d’Amazon

Travail de représentation mentale et stimulation

D’une manière générale, la lecture stimule notre imagination. En lisant, nous sommes amenés à effectuer un travail de représentation mentale de ce qui nous est donné à lire. Nous nous construisons des images, nous nous représentons les personnages, les situations, les environnements, les gestes, les odeurs…

Cette stimulation est bénéfique pour notre sexualité et plus particulièrement pour entretenir et tonifier le mécanisme de notre désir sexuel. Car si nous pouvons ressentir du désir dans telle ou telle situation, ce n’est pas tant que la situation en elle-même est excitante mais c’est parce que nous sommes capables de donner libre cours à notre imagination, c’est parce que nous sommes capables de fantasmer, c’est-à-dire d’anticiper le plaisir sexuel que cette situation pourrait potentiellement nous apporter. En d’autres mots, s’il nous est possible de rendre un environnement, un geste, une phrase excitants – de colorer de désir ces stimulations – c’est parce que nous réussissons à faire preuve d’imagination.

Etre surpris par se propre réaction

Quelques fois, nous pouvons être surpris de notre réaction face à la description d’une situation, d’une pratique ou d’une ambiance car nous ignorions que de tels éléments pouvaient déclencher en nous un intérêt sexuel. Notre réaction peut nous inquiéter du fait que ce que nous lisons et qui déclenche notre désir peut faire intervenir des situations ou des pratiques immorales, interdites, dégradantes ou, plus simplement, extra-ordinaires au regard de l’imaginaire que nous avions jusqu’alors. Nous pouvons être surpris par la nature de ces éléments, mais plutôt que de nous en inquiéter, nous pouvons les appréhender de façon positive en acceptant ce qu’ils provoquent en nous, sans pour autant chercher à les mettre en œuvre dans la réalité de notre pratique sexuelle.

Une histoire destinée aux jeunes filles ?

Les Trois Filles de leur Mère nous est présenté par Pierre Louÿs comme le récit d’une histoire authentique destiné aux jeunes filles. Cette ode à la sodomie, au masochisme et à la sexualité incestueuse se termine par une morale à destination des mères et de leurs filles, morale que nous laissons au lecteur le plaisir de découvrir.

Le premier élément que nous pouvons relever – et qui ne peut échapper au lecteur – concerne la légalité de certains échanges sexuels. Certes, les relations sexuelles entre les personnages sont toujours consenties mais cela n’enlève rien au fait que certaines d’entre elles (celles qui concernent Lili et Mauricette) s’apparentent à des viols au regard de la législation actuelle1. En plus de ces viols, l’auteur met également en scène des relations incestueuses… tout comme le fait d’ailleurs – certes, dans une moindre mesure – la pornographie destinée au grand public ! Nombreuses en effet sont les vidéos qui nous proposent des relations sexuelles incestueuses « déguisées », c’est-à-dire des relations entre beaux-enfants ou des relations entre beaux-parents et enfants.

1 Référence ici notamment aux Codes pénaux belge et français.

En droit belge, la majorité sexuelle est fixée à 16 ans. Avant 14 ans, tout rapport sexuel s’apparente à un viol, qu’il y ait ou non consentement. Cela signifie que la totalité des échanges faisant intervenir Lili sont des viols. Entre 14 et 16 ans, les relations peuvent être consenties pour autant qu’il y ait un maximum de trois ans d’écart entre les partenaires. Passé cet écart d’âge, la relation est considérée comme un viol. Cette disposition concerne tout particulièrement Mauricette qui est âgée de 14 ans et demi. L’ensemble des relations sexuelles qui la concernent sont aussi des viols puisque sa grande sœur Charlotte, le personnage masculin et sa mère sont plus âgés qu’elle de trois ans. (Loi du 21 mars 2022 modifiant le Code pénal en ce qui concerne le droit pénal sexuel).

Dans le Code pénal français, toute pénétration sexuelle ou acte bucco-génital est considéré comme viol s’il y a plus de 5 ans d’écart entre le majeur et le mineur de moins de 15 ans. (loi n°2021-478 du 21 avril 2021). Comme en droit belge donc, les relations sexuelles faisant intervenir Lili et Mauricette avec les trois autres protagonistes sont donc toujours des viols.

Lire avec discernement un récit aux pratiques illégales

C’est donc avec discernement que nous devons appréhender ce texte. Bien entendu, nous pouvons être dérangés ou choqués par cette sexualité que l’auteur met en scène et c’est la raison pour laquelle la lecture de ce récit ne conviendra pas à tout le monde.

Une question que le lecteur peut se poser est la suivante : ai-je le droit de fantasmer sur ces situations de violence sexuelle ? La réponse est oui ! Oui, nous pouvons laisser aller notre désir et notre excitation, oui nous pouvons nous laisser-aller au spectacle qui nous est proposé. Pour quelle raison ? Simplement parce qu’il s’agit d’une fiction ! La fonction de la littérature érotique est de nous proposer des stimulations qui potentiellement peuvent provoquer notre désir et stimuler notre excitation. Les ouvrages érotiques ne sont pas des guides sexuels, ils n’ont pas pour but de nous donner une image scientifique et objective de la sexualité en nous disant ce qu’elle est réellement et comment nous devons la vivre.

Aude Jullien qui est sexologue nous fait remarquer que nous ne nous posons pas ce genre de question quand nous lisons un polar où il est question de personnages qui tuent d’autres personnages (et pourtant il s’agit aussi de comportements interdits !) et où l’auteur nous abreuve de détails glauques et sordides.

A son sens, il n’y a donc pas de raison d’être plus “regardant” sur le contenu des productions érotiques que sur le contenu d’autres récits…

Refusé de publication par la plateforme direct publishing d’Amazon

Malheureusement, ce texte a été refusé de publication par la plateforme direct publishing d’Amazon. Le paragraphe ci-dessus donne assez à comprendre que le récit de Pierre Louÿs contrevient aux “Règles relatives au contenu” de la plateforme d’édition d’Amazon. Notamment ces règles :

Child Abuse and Exploitation

  • Products that depict child abuse/exploitation
  • Products intended for use by children that contains adult content, profanity and/or sexual references
  • Products depicting children or characters resembling children in a sexually suggestive manner
  • Products marketed to or targeted at kids or teenagers that are age-inappropriate

Le travail d’édition sur ce texte a été important. Ce texte est libre de droit et nombreuses versions circulent sur l’Internet, mais elles sont souvent assez fautives. Lacunes, erreurs de mots, coquilles sont fréquentes. Le texte que nous présentons a été soigneusement revu et corrigé. C’est la version intégrale et conforme à l’original.

Pas de bug informatique pour cet ouvrage qui a bien été retiré de tous les sites d’Amazon.

Nous vous invitons à prendre contact avec nous si vous êtes intéressé par une collaboration pour la publication de ce livre.

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